Comment nos solutions IA permettent d’accompagner l’industrie cosmétique dans leurs transformations majeures ?
Analyse de l’impact de la loi AGEC 2020 dans l’industrie cosmétique
Face à l’urgence climatique, la loi n°2020-105 Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire (AGEC) du 10 février 2020 va profondément transformer l’économie française d’ici 2040. Le secteur de la cosmétique sera particulièrement touché par cette loi. En effet, il ne sera plus possible de vendre des cosmétiques rincés contenant des microplastiques et autres substances ayant des impacts négatifs sur l’environnement ni d’afficher sur les étiquettes la présence de perturbateurs endocriniens. Les marques vont ainsi devoir retravailler les formules et les étiquetages des produits non conforme à cette loi.
Le calendrier de mise en conformité s’étale jusqu’en 2040, avec des échéances majeures en 2022 et 2026.
Le calendrier de mise en conformité

Grâce à notre solution d’Intelligence Artificielle “Ingredient Screener” développée par nos équipes de Data Science, nous avons identifié les impacts majeurs et les chantiers de transformation les plus prioritaires pour les différents acteurs de l’industrie cosmétique, pour les marchés Grande Consommation, Parapharmacie et Luxe.
Notre approche : S’appuyer sur une solution Data Science combinée à notre connaissance du secteur cosmétique pour mesurer les impacts de la loi AGEC
Comprendre le besoin : Une première partie qui nous permettra de définir notre méthodologie data science de façon pertinente.
L’étude de la loi AGEC nous a permis d’identifier les principales mesures ayant un impact important sur l’industrie cosmétique et de dresser une chronologie :
- Depuis le 1er janvier 2022, les acteurs des industries cosmétiques ont pour obligation d’informer le consommateur sur les produits contenant des perturbateurs endocriniens à des fins de transparence en rendant ces informations disponibles en open data (art. 13).
- Par ailleurs, à compter du 1er janvier 2026, les acteurs de l’industrie auront l’interdiction de vendre des produits cosmétiques rincés contenant des microplastiques, substances se retrouvant dans les mers et les océans et néfastes pour l’environnement (art. 82).
A partir de ces éléments nous avons pu définir le périmètre de notre analyse : notre étude se concentrera donc sur ces deux ingrédients cibles: microplastiques et perturbateurs endocriniens.
En se basant sur la composition de plus de 10 000 produits cosmétiques représentatifs du marché actuel, nous pourrons identifier les catégories de produits les plus impactées, selon les typologies de composants.
Nous nous appuyons sur notre solution Ingredient Screener pour mesurer l'impact de cette loi.
Notre solution d’Intelligence Artificielle: Ingredient Screener
Ingredient Screener est une solution développée et industrialisée par nos équipes de Data Science permettant de croiser les données des produits cosmétiques avec les données fournies par la communauté scientifique et par la réglementation afin de fournir un score réglementaire et réputationnel sur chaque produit cosmétique. Le bon paramétrage de la solution nous permettra donc d’analyser la composition de plusieurs milliers de produits, et ainsi comprendre en profondeur l’impact de la loi AGEC sur l’industrie cosmétique. L’illustration ci-dessous montre les différentes étapes de notre approche globale :
Utilisation d’Ingredient Screener dans la méthodologie d’étude de la loi AGEC

Extraction
Nous avons dans un second temps récolté trois types de données nécessaires à notre analyse:
- Composition des produits cosmétiques : La liste des codes INCI* des ingrédients composants plusieurs milliers de produits cosmétiques.
- Liste des ingrédients microplastiques: Les microplastiques sont des petites particules (de taille inférieure à 5 mm) de matière plastique.
- Liste des perturbateurs endocriniens: Les perturbateurs endocriniens sont des substances capables d’interférer avec notre système hormonal, entraînant des effets sur la santé. Identifier formellement de tel ingrédients nécessite des études scientifiques poussées, et ceci sur plusieurs années. Il n’existe pas de liste officielle et exhaustive répertoriant tous les composants identifiés comme perturbateurs endocriniens ou microplastiques. Nous avons établi une liste consolidée de ces deux types de substances en ne retenant que les ingrédients apparaissant fréquemment dans les différentes études scientifiques et les listes officielles des pays européens.
Le calcul de la distance de Levenshtein au cœur de notre algorithme de Fuzzy-matching
Les noms des ingrédients et les compositions des cosmétiques sont des données brutes difficiles à analyser, car il s’agit de séquences de chaînes de caractères non normalisées. En effet, les noms des ingrédients diffèrent : code INCI (International Nomenclature of Cosmetic Ingredients) sur la majorité des sites, mais parfois des noms plus génériques ou des noms scientifiques. De plus, notre algorithme doit passer outre les éventuelles fautes d’orthographe, les abréviations,etc. L’étape-clé de notre approche est la réconciliation entre nos différentes sources de données. Pour cela, nous utilisons la méthode NLP de fuzzy-matching.
Plus particulièrement, la distance de Levenshtein nous permet de quantifier la différence entre deux chaînes de caractères. Elle est égale au nombre minimal de caractères qu’il faut supprimer, insérer ou remplacer pour passer d’une chaîne à l’autre.
Distance entre les chaînes de caractères “Levenshtein” et “Levinsteihn”, montrant les cas de substitution, suppression et insertion

Par exemple, les chaînes de caractère “1,2 Hexadéciol” et “1-2 Hexadéciol” sont très proches car seulement un caractère est différent (la virgule est devenu un tiret). Inversement, les chaînes de caractère “Silicium” et la “Silice de Calcium” auront une distance de Levenshtein trop élevée pour être considérées comme évoquant le même ingrédient.
Cette approche nous permet ainsi de trouver des chaînes de caractères qui correspondent à un motif approximatif plutôt qu'à une correspondance exacte. Il est ainsi possible de faire correspondre des données issues de différents horizons, et donc dans notre cas d’analyser la composition des produits cosmétiques et effectuer un état des lieux des produits du marché vis à vis des ingrédients microplastiques et perturbateurs endocriniens.
Analyse et restitution des résultats
La réconciliation entre nos différentes sources de données nous permet de calculer la proportion globale des produits cosmétiques impactés par la loi AGEC, i.e contenant au moins un ingrédient identifié comme microplastique ou perturbateur endocrinien. Cette vision globale est complétée par une consolidation plus fine des résultats : notre étude nous permet de comprendre quelles sont les catégories/types de produits ainsi que les marques les plus impactées. Enfin, il est également possible d’identifier les ingrédients problématiques utilisés les plus fréquemment.
Les résultats de notre étude :
Les résultats de notre étude mettent en évidence que 40% des produits analysés contiennent au moins un ingrédient identifié comme microplastique.
Les microplastiques sont très représentés dans les produits rincés: 41% des shampoings et 75% des colorations en contiennent.
Proportion des produits contenant des microplastiques. Vision par catégorie de produits

Concernant les perturbateurs endocriniens, notre étude montre que 33% des produits analysés contiennent au moins un ingrédient identifié comme perturbateur endocrinien. Ces produits devront voir leur composition modifiée. L’analyse par type de produit montre que les produits de la gamme capillaire sont globalement les plus impactées.
Proportion des produits contenant des perturbateurs endocriniens. Vision par catégorie de produits.

Le Polyethylene Glycol (microplastique), le Benzyl Salicylate et le BHT (perturbateurs endocriniens) sont les ingrédients visés les plus présents dans le panel de cosmétiques analysées.
Proportion des produits contenant les ingrédients types microplastiques et perturbateurs endocriniens. Vision par catégorie de produits

Enfin, les produits du segment Luxe & Premium sont les plus impactés par la loi AGEC. En effet, un produit sur deux de ce segment contient des microplastiques, contre 31% pour les produits de la grande consommation par exemple, et 42% des produits contiennent des perturbateurs endocriniens.
Proportion des produits contenant des microplastiques. Vision par segment de produits

La loi AGEC : quel avenir pour le secteur cosmétique ?
Le secteur cosmétique déjà bouleversé dans le passé par la législation, les nouveaux outils utilisateurs (Yuka, Nutri-Score, ..) et les recherches scientifiques, sera fortement impacté par cette nouvelle réglementation.
Des chantiers de reformulation sont déjà lancés afin de remplacer les ingrédients par des substances équivalentes tout en garantissant une continuité de service et d'offres pour le consommateur. Cependant il ne sera pas toujours possible ou rentable de reformuler la totalité des produits du marché. La combinaison chimique d'un produit peut être complexe et remplacer un ingrédient par un substitut ne suffira pas toujours pour garder la qualité des cosmétiques. Il sera parfois plus simple d'attendre la fin de vie naturelle du produit.
Cela implique pour les entreprises du secteur d'écouler les stocks existants pour éviter des pénalités financières, des rappels produits et des déstockages pour les packagings. Une optimisation plus fine de la logistique et de l'approvisionnement de chaque point de ventes, via par exemple l’utilisation d’algorithmes d'optimisation sous contraintes (plus d’informations sur notre solution Optiwise sur ce lien), mais aussi une structuration de la stratégie de prix permettra de minimiser les invendus.
Concernant le secteur du Luxe & Premium, il s’agit du secteur le plus touché par l’interdiction des microplastiques, mais c’est également le secteur le plus important en termes de chiffre d'affaires. Les grands groupes et les maisons de luxe vont alors devoir faire face à des challenges impactant leurs revenus mais aussi leur budget Recherche & Développement.
De nombreux produits tels que ceux que nous connaissons aujourd'hui sont amenés à disparaître. L’avenir du marché cosmétique est donc incertain et nous réserve encore des surprises. Ce sera alors l'occasion pour de nouvelles marques de se développer, en accord avec les attentes des consommateurs ainsi qu’avec les différentes réglementations.
Les résultats complets de notre étude sur la loi AGEC sont disponibles via ce lien.
*INCI : La nomenclature internationale des ingrédients cosmétiques ou INCI, abréviation de International Nomenclature of Cosmetic Ingredients a été conçue en 1973 par la Cosmetic, Toiletry and Fragrance Association (CTFA), association américaine regroupant des fabricants de cosmétiques. En Europe, son utilisation est obligatoire pour les cosmétiques depuis 1998